Le prix commence, avec cette 4ème édition , à gagner en ampleur et les parrains successifs sont à la lumière de l’engagement qu’il représente. Il a été créé pour la mémoire d’un homme exceptionnel, Jean-François Prat, qui dirigeait un des grands cabinets d’affaires de Paris. J’ai personnellement peu connu Jean-François Prat, qui avait, à juste titre, une réputation de grande exigence autant dans son travail juridique que dans sa démarche de collectionneur. Son engagement constant pour transmettre ses passions fait que le cabinet a continué à prospérer.
Sa passion pour l’art contemporain, qu’il partageait avec sa femme Marie-Aline Prat, dépassait celle que l’on remarque, disons plus habituellement, chez certains collectionneurs. La collection a été déployée dans le cabinet même et celui-ci continue aujourd’hui à vivre dans le même esprit. C’est aujourd’hui l’ensemble du cabinet qui élit le lauréat du prix. La qualité de cette collection que je souhaite également vivement saluer, tiens aussi à sa singularité, hors mode, et pensée dans une perspective historique, puisque des œuvres encore sur les murs de leur appartement y vivent depuis plus de 40 ans d’autres viennent tout juste de trouver une nouvelle demeure.
La passion de Jean-François et Marie-Aline Prat se manifeste aussi au travers de leurs amitiés et relations avec de très jeunes artistes, comme des historiens d’art dont la renommée n’est plus à faire. J’ai été frappée, lorsque j’ai rencontré Marie-Aline, par son souci de transmettre, son élan, sa passion, ses efforts pour porter ce prix afin de donner une visibilité à un jeune artiste. Tout ceci témoigne d’une générosité certaine, de curiosité et d’exigence.
Ce prix reflète toutes ces qualités. Il permet de découvrir de jeunes artistes qui se dédient à la peinture, un médium bien entendu historique mais aussi difficile à appréhender. Les lauréats des éditions antérieurs sont à l’image de cette exigence, de cette curiosité pour les artistes de toute origine : en 2012 Farah Atassi, de nationalité belge et syrienne, qui est aujourd’hui de plus en plus reconnue ; en 2013 Matt Saunders, un artiste Américain et Zander Blom en 2014, issu d’Afrique du Sud.
Pour cette année, trois artistes, chacun aussi singulier que l’autre qui explorent les complexités multiples de la pratique picturale : la question de la lumière et des phénomènes optiques et de mouvements ; la question de l’espace et de la surface; l’urgence de la représentation; la couleur; le rapport au réel : Philippe Decrauzat, artiste suisse représentée par la galerie Praz Delavallade, Maude Maris : jeune artiste française représentée par la Galerie Isabelle Gounod, et Raphaëlle Ricol : jeune artiste française, qui a créée son univers à la force du poignet, et n’a pas encore de véritable représentation.
Quel que soit le lauréat, la démarche du prix, la sélection des artistes par un comité d’experts, l’attribution du lauréat par les associés du cabinet, tout dans cette entreprise témoigne d’une profonde curiosité, d’une volonté de partager, d’une ouverture remarquable vers “l’art pour tous”. Tout ceci constitue le coeur battant du prix Jean-François Prat.
Caroline Bourgeois est curatrice de la Pinault Collection. Originaire de Suisse et diplômée de psychanalyse, un temps co-directrice de la galerie Jennifer Flay, puis commissaire d’exposition indépendante, elle fut directrice artistique du Plateau-FRAC Ïle de France et présidente du réseau TRAM. Elle a constitué la collection vidéo de François Pinault, avant de rejoindre sa fondation pour y créer les expositions temporaires du Palazzo Grassi, de la Punta Della Dogana et hors les murs.